On dit que l’endroit où l’on passe son enfance vous définit en grande partie.
« Pas de chance pour moi, avoue Arnaud Prieur, la mienne s’est déroulée à Brunoy. La banlieue molle, dans l’Essonne, là où il n’y a rien à part des agences immobilières, des coiffeurs, et des banques. Une ville aussi grise que les cheveux de la majeure partie de ses habitants. »
C’est normalement le moment où le lecteur comprend pourquoi la littérature, puis l’écriture, ont été le passage obligé pour cet enfant rêveur et solitaire : l’évasion, la fuite de la réalité au fil des pages.
Eh bien non.
« Je m’y suis quand même beaucoup amusé (car nous étions légion à nous ennuyer), et l’écriture n’est venue qu’après. L’écriture sérieuse, j’entends. »
Avec le recul, il se rend compte qu’il a toujours aimé écrire ; mais de passer le cap du roman, avec toute la patience que cela implique, ne s’est fait que très tard. À vingt-quatre ans.
« Mes études en faculté furent chaotiques, j’ai touché à tout, et certains ont même cru que je préparais un vaste projet d’enquête sur les différents cursus possibles. »
Eh bien non.
« Le fait est que, provenant de Brunoy (la banlieue molle, rappelez-vous), j’étais quelqu’un d’indécis, de fainéant, avec une propension à justifier mon inactivité frisant (de peu) la mauvaise foi. Qu’ai-je donc fait pendant ces quelques années d’études chaotiques ? J’ai lu, j’ai vu, mais je n’ai pas vaincu. »
Lu. Des tas et des piles de livres, de toutes sortes.
« Du fantastique, en majorité, mais aussi du reste (et Dieu sait que ce reste est immense). »
Vu. Des kilomètres de films.
« En moyenne deux par jours – ils m’ont tatoué la rétine. »
Pas vaincu.
« Non, je suis toujours aussi oisif, mais maintenant, au moins, je m’en veux. »
Puis vinrent les insomnies qui, couplées à une imagination que l’on dit fertile (« essentiellement d’après mes parents, qui sont bien sûr totalement objectifs à mon sujet ! ») engendrèrent son premier roman : Les Songes-Creux.
« Aujourd’hui, je travaille le jour, et la nuit, je me déguise en Batman… non, j’écris des livres (mais il m’arrive de le faire, paré du costume du justicier chauve-souris.) »
Le voici donc chez Nuit d’Avril, « à étirer au maximum une biographie qui tiendrait en trois lignes. Mais n’est-ce pas là le propre de la litté-rature ? Soyons sérieux. Écrire est difficile, le résultat se mérite, mais le plaisir qu’on en retire est sans commune mesure. Ne me reste ensuite qu’à transmettre cette passion à celui, ou celle (ou ceux !) qui me liront. »
Bonne lecture vers les Songes-Creux.