FABRICE NICOLAS : une biographie non officielle rédigée par les auteursFabrice La date de naissance de Fabrice est classée « secret d’état » car il fait beaucoup plus jeune que son âge et tient à conserver cet avantage pour des raisons purement sexuelles. On peut à la rigueur révéler que c’est la belle ville de Toulouse qui a eu l’incontestable honneur d’accueillir son premier vagissement. Lorsque Fabrice aura atteint le firmament de la célébrité, gageons qu’il ne s’opposera pas à la volonté de sa cité natale de lui ériger une statue géante sur la place du Capitole, à condition qu’elle le représente dans l’exercice de son activité favorite, à savoir plongé dans la lecture de « Tricot Magazine », confortablement assis sur les toilettes.
Passons rapidement sur un parcours scolaire des plus atones qui se terminera néanmoins par l’obtention miraculeuse d’un baccalauréat littéraire. Pour l’anecdote, sa note en mathématiques sera de 0,5 sur 20, un record en la matière dûment homologué par l’Éducation Nationale, mais qui le privera définitivement de ce doctorat en physique des particules qu’il ambitionnait depuis ses cinq ans.
Notons au passage que Fabrice reconnaît ne jamais avoir eu d’idées très claires quant à son avenir ou sur le métier qu’il lui faudrait bien exercer un jour. Ayant vaguement envisagé d’être tour à tour pépiniériste, changeur d’ampoules puis tueur à gages sous licence exclusive du KGB, l’arrivée des OGM, la multiplication des tubes au néon et la chute du Mur de Berlin mettront un brutal coup d’arrêt à ses grandioses ambitions.
Pour passer le temps et reculer l’échéance de l’asservissement salarial au régime fascisant du néo-libéralisme, il passe alors sept années dans diverses facultés où il finit par décrocher une maîtrise en Sociologie. « Je viens de toucher le jackpot, se dit-il. À moi le tapis rouge de la finance internationale et l’univers glorieux des traders de la bourse de New York. Dow Jones, voici ton maître. »
Bien sûr, jamais personne n’avait pris le temps de lui expliquer que la Sociologie n’est pas le plus court chemin pour arriver au CAC 40. Cette erreur d’aiguillage lui ruina le moral pour un bon moment et il commença à envisager sérieusement d’aller traquer les gisements d’uranium au fin fond des montagnes du Poitou-Charentes (car, de plus, personne n’avait pris le temps de le faire entrer dans le monde fascinant de la géographie terrestre).
Heureusement, une rencontre faite en 1982 allait radicalement bouleverser le cours de sa vie. C’est en effet à cette date, au cours d’un stage de « point de croix sur layette » organisé par « Tricot Magazine » dans les anciennes mines de Silésie septentrionale, qu’il rencontra Nicolas. Celui-ci croupissait au fond d’une cage, sur la place centrale du village, où sa ressemblance frappante avec Quasimodo amusait les autochtones facétieux, permettait aux enfants désœuvrés de se détendre un peu en lui jetant des pierres et aux chiens errants de centraliser leurs déjections.
« Je reconnais en toi un frère et je vais te sortir de là, lui promit Fabrice. Donne-moi juste ton code de carte bleue que je puisse soudoyer tes geôliers. »
« Le monde est magnifique, lui dira un peu plus tard un Nicolas éperdu de reconnaissance. Je nous vois un avenir radieux : nous allons devenir danseuses étoiles. » « Mouais, bof, répondit un Fabrice peu emballé par les pointes et le tutu. Avec ta bosse et mon pied bot, c’est pas gagné. On pourrait plutôt inventer un nouveau truc qui modifierait le destin collectif de l’humanité, comme le point de croix double ? »
Finalement, ils optèrent pour l’écriture de romans. Leur premier essai, « Non-Non contre le bilboquet du bocal » fut jugé trop ésotérique par les censeurs de la Bibliothèque Rose.
Nous nous reverrons…hier, par contre, reçut l’aval d’une maison d’édition en raison de son énorme potentiel commercial : en effet, sa taille impressionnante peut lui permettre de caler facilement tous vos meubles un tant soit peu bancals.
Les deux auteurs préparent d’autres merveilleux outils pour l’intérieur de vos maisons, dès que les psychiatres auront autorisé Nicolas à réintégrer la vie civile.
Nicolas Nicolas est né à Amiens en 1967. A cette époque, Amiens n’est pas encore la ville lumière que l’on connaît de nos jours : il pense à tort qu’y naître ne constitue pas le meilleur tremplin pour la réussite à laquelle il se destine.
Dès lors, il décide, pour ses trois ans, de suivre ses parents en région parisienne. Il estime que la proximité de la capitale facilitera la réalisation de ses immenses ambitions. En effet, il a choisi de devenir cascadeur et s’entraîne dur pour y parvenir. Hélas, un accident de tricycle particulièrement spectaculaire l’oblige à revoir ses prétentions à la baisse. Il en réchappe par miracle mais il gardera toujours, enfoui au plus profond de lui-même, une sourde amertume envers ce destin qui, d’un croche-pied sournois, a ruiné ses espoirs les plus fous.[1]
Peu importe, il deviendra pilote de chasse, ce qui, pour un garçonnet qui totalise une dioptrie et demie aux deux yeux, ne manque pas d’une foi en l’avenir qui confine au mysticisme.
Très vite, il fera preuve de dispositions incontestables pour les études. Le principe l’enthousiasme mais la mise en pratique reste décevante. Son goût prononcé pour tout ce qui ne concerne pas l’effort en général et ses devoirs en particulier lui vaudra de sévères remontrances de la part de son entourage familial, à l’origine de dégâts irréparables pour son audition. C’est en 1982, lors d’un voyage linguistique en Angleterre, qu’il rencontre Fabrice. Celui-ci est un adolescent insignifiant au physique ingrat dont, par pitié, il devient et restera le seul ami. De retour en France, et vivant trop loin l’un de l’autre pour se voir régulièrement, ils entameront une correspondance assidue dans laquelle on perçoit déjà le ferment de leur génie littéraire en devenir. Surtout, il faut bien le dire, celui de Nicolas.
Finalement, de milieux de classements en redoublements, ce dernier reviendra à Amiens, ville qui – il en est certain – attend son retour et parviendra à décrocher une Maîtrise de droit qui lui ouvrira les portes des plus grands cabinets d’affaires de la place de Paris. Notamment celles de la sortie.
L’âge avançant et son crédit de vocations s’épuisant aussi vite que ses maigres économies, il se résigne alors à prendre les petits boulots qui veulent bien de lui et s’enferme dans un désespoir tranquille, lorsqu’un événement imprévu bouleverse son existence. Une nuit, une jolie fée nimbée d’une jolie lumière bleutée lui apparaît en songe. Elle lui propose de répondre à la grande question existentielle qui le taraude et lui dévoile le but de sa présence sur cette terre. Il a, selon elle, tout au fond de lui, des talents cachés dont il n’a pas conscience : ceux de créer des histoires fantastiques et de les retranscrire par écrit. Non, en fait c’est pas vrai, mais c’est le seul moyen qu’a trouvé Nicolas pour persuader Fabrice de l’accompagner dans cette extraordinaire aventure qu’il veut lui faire partager : arrêter de lire des romans fantastiques pour en écrire un, à leur tour.
Fabrice Nicolas était né.
La genèse de ce pseudonyme reste mystérieuse et les auteurs ne souhaitent pas en dévoiler l’origine, mais gageons qu’il faut probablement en rechercher l’explication dans quelque référence ésotérique puisée dans leur colossale érudition.
C’est de cette écriture commune que naîtront « Les merveilleuses aventures de Poupoute et de l’étoile magique », qui resteront inédites pour d’obscures raisons commerciales, puis celles de la fine équipe dont le premier tome, Nous nous reverrons… hier a été publié grâce à la complaisance du seul éditeur qui en a bien voulu.
L’aventure ne fait que commencer car d’autres histoires sont à venir, dès que Fabrice sortira de sa cure de désintoxication au cigarillo qui pue le chien crevé.
Quelques dates importantes d’un parcours hors du commun :
- 02 mars 1967 : Naissance de Nicolas.
- septembre 2005 : parution de Nous nous reverrons… hier, aux éditions Nuit d’Avril, un pur chef-d’œuvre à ranger aux côtés de ceux des plus grands auteurs de science-fiction.
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[1] Cet événement dramatique marquera également ses adieux au tricycle.